mercredi 20 janvier 2016

Justice

Le moyen âge


Victime du systeme et de la corruption une 2 eme fois

En Tunisie ont fonctionne encore comme au moyen âge en matière de justice, à part les lois qui date de plusieurs centaines d'années, rien ne change aujourd'hui et rien ne se reformera demain à cause de politicien incompétent et corrompu. L'histoire courte qui vous a raconté est véridique d'un système qui ne fonctionne pas. Je vais faire court par ce que j'en rigole encore de c'est histoire croustillante sur les dysfonctionnements.

Acte 1 : 
Nous nous plongeons dans l'affaire du meurtre du politicien Chokri Belaïd, nous sommes le 26 février 2013 soit 20 jours après la date de l’assassinat de Chokri. La voiture est une Fiat Siena qui a servi aux repérage et meurtre vient d'être découverte par la police . Celle-ci a été conduite par les meurtriers au moment des faits, cela a été prouvé par des indices dans la voiture que la police scientifique a révélée par la suite. 

Acte 2:
Le juge d'instruction chargé du dossier rédige un PV ou une "saisine du véhicule" sur le champ, une saisie qui sera consignée dans un PV numéroté 466 joint dans le dossier selon les avocats partit civile. Sauf que aujourd'hui de PV, il n'y en a pas. Celui-ci a tout simplement disparu du dossier et pire la voiture n'a jamais été saisie comme cela se fait dans la pratique dans pays civilisé, mais nous sommes ici face a l'incompétence généralise d'un système qui est a bout de souffle.

Conclusion
Depuis le 26 février 2013 ce véhicule a donc tous simplement disparu officiellement de la surface de la Terre, la police et les autorités judiciaires l’ont laissé sur la voie publique, ce qui a surement fait le bonheur des voleurs et des meurtriers au final qui sorte grand gagnant.






dimanche 17 janvier 2016

Où en est la révolution de Jasmin ?

La Tunisie en 2015


11 millions de Tunisiens
50,7 % de la population a moins de 30 ans
15 % de la population a plus de 60 ans
Taux de fécondité : 2,2 enfants par femme
Taux d’alphabétisation : 81,7 %
Taux de chômage chez les jeunes diplômés : 30 à 35 % Taux de croissance : 1 %
Dette publique : + 58 % en quatre ans Investissements : - 21 % en 2014 par rapport à 2013
1,5 million de Tunisiens vivent sous le seuil de pauvreté




Tunisie
Avocat estimé et initiateur du Front populaire, Chokri Belaïd est assassiné le 6 février 2013. Ce meurtre entraîne une grève générale et des remaniements au gouvernement, accusé de laxisme face aux islamistes. 

En 2010, la Tunisie déclenchait les Printemps arabes, en se soulevant contre le dictateur Ben Ali. Aujourd’hui, malgré le terrorisme et la récession économique, le pays est le seul à garder le cap de la transition démocratique pour le moment.
Cette expression qui désigne la chute du régime autoritaire du dictateur Ben Ali (1987- 2011) n’a jamais suscité autant de débats et de réactions âpres et contradictoires. Il faut dire que depuis cinq ans, le désenchantement est perceptible à tous les niveaux de la société tunisienne. Rappelons, pourtant, que l’expression « révolution de Jasmin » renvoie à un autre moment politique majeur de l’histoire tunisienne. Elle désignait en effet jusqu’alors le coup d’État de Ben Ali commis le 7 novembre 1987. Appelé également « coup d’État médical » ou encore tahawwul al-mubarak (le « changement salutaire »), il a conduit à la destitution de Bourguiba, jugé vieillard impotent et sénile, par son Premier ministre.

Cette première révolution de Jasmin a instauré de nouvelles pratiques de gouvernance – le clientélisme, la corruption, le népotisme et la répression – qui ont duré vingt-trois ans, jusqu’à l’immolation en 2010 d’un jeune chômeur de 27 ans, Mohamed Bouazizi, originaire de Sidi Bouzid. Ce marchand ambulant de fruits et légumes s’était vu confisquer sa marchandise car il n’avait pas pu produire l’autorisation officielle qui lui permettait de vendre sur la place publique. Ce « fait porteur d’avenir »1 a abouti au départ stupéfiant et inespéré de Ben Ali et de sa famille le 14 janvier 2011, date de l’an I de la révolution tunisienne, vers l’Arabie saoudite. L’expression « révolution de Jasmin » renvoie donc à deux moments antinomiques : celui des temps sombres du régime policier de Ben Ali et celui de l’espérance révolutionnaire liée à la chute du dictateur honni.

L’ÉMERGENCE D’UNE SOCIÉTÉ CIVILE

Revenons à Mohamed Bouazizi, figure emblématique et héroïque de la résistance tunisienne. Son acte suicidaire, accompli publiquement, est devenu un acte fondateur qui, une fois connu et médiatisé par les réseaux sociaux, a entraîné un mouvement social qui a fini par atteindre la capitale le 27 décembre 2010.

Mais les émeutes populaires de l’hiver 2010-2011 s’inscrivent dans une histoire ponctuée depuis l’indépendance par des crises majeures. Entre 1978 et 1984, sous Bourguiba, la Tunisie a connu deux crises marquées par des révoltes populaires et réprimées par l’armée2. En 2008 encore, sous Ben Ali, les révoltes du bassin minier de Gafsa ont mobilisé de larges pans de la population et peuvent apparaître comme la répétition de 2010-2011.

L’histoire de ces mouvements permet de mieux comprendre l’émergence d’une société civile tunisienne, actrice majeure de la prise en main de la contestation. Dévoilée dans ses formes politisées, militantes et citoyennes, elle est le produit d’un réseau d’organisations qui, à la fin des années 1970, et malgré la répression systématique des régimes autoritaires de Bourguiba et de Ben Ali, a tissé patiemment sa toile dans les milieux académiques, syndicaux, les corporations professionnelles et dans les classes moyennes. Ce sont ces organisations civiles (le « quartet ») qui ont reçu le prix Nobel de la paix en 2015. L’inscription du mouvement contestataire dans la société tunisienne au cours de ces quatre dernières décennies et la maturité citoyenne de la société civile expliquent, en partie, l’effondrement rapide du régime dictatorial de Ben Ali. Car 28 jours ont suffi à mettre fin à une dic- tature qui semblait solidement arrimée à un système complexe d’allégeances et au soutien des démocraties occidentales. Jusqu’au 14 janvier 2011. Les dirigeants occidentaux voyaient dans la Tunisie de Ben Ali le bon élève du monde arabe : le seul État du Maghreb qui assurait la stabilité sécuritaire et la politique de soutien antiterroriste et qui offrait les conditions idéales de séjour pour les touristes européens.

Ils étaient en cela sensibles à la fameuse « exception tunisienne » tant vantée par Ben Ali. Celle-ci reposait principalement sur un modèle économique performant, moderne et intégré dans le réseau d’échanges mondiaux ; sur le Code de statut personnel de 1956 qui accorde à la femme tunisienne une émancipation inégalée dans le monde arabe ; enfin sur l’éducation très poussée du peuple tunisien.

Mais depuis 2011, par effets de miroirs inversés, cette exception tunisienne ne repose plus sur les instrumentalisations idéologiques de Ben Ali, mais sur un constat objectif à l’échelle géopolitique. La Tunisie semble bien, en effet, être le seul pays arabe à avoir réussi sa transition démocratique. Entre le chaos libyen, la reprise en main féroce du pouvoir par l’armée égyptienne, la répression à Bahreïn, la remise en question tragique des États syrien, irakien et yéménite et l’avancée inexorable de l’État islamique, la Tunisie apparaît comme le seul pays à maintenir un équilibre fragile entre volonté démocratique et vieux réflexes autoritaires.

En effet, depuis la fuite de Ben Ali, la Tunisie peut se prévaloir à la fois de l’adoption, le 26 janvier 2014, de la constitution la plus démocratique du monde arabe et de l’exercice réussi, transparent et incontestable, de deux scrutins nationaux (législatif en octobre 2014 et présidentiel en décembre 2014). Cette singularité dans le paysage politique régional ne cesse d’être interrogée par les observateurs politiques. Mais les Tunisiens eux-mêmes, partagés entre le vertige de la liberté retrouvée et les réalités économiques et sociales bien éloignées des mensonges de la propagande de la dictature, laissent exprimer des inquiétudes doloristes sur les années de révolution.

Même la reconnaissance internationale avec l’attribution du prix Nobel de la paix au Quartet semble, curieusement, être un non-événement pour la population. C’est que la Tunisie de l’après-révolution en 2011 ne ressemble plus guère aux représentations idéales tant vantées sous le régime de Ben Ali. Les réalités économiques, territoriales, politiques émergent dans leurs fractures, leurs inégalités, leurs impasses et laissent voir le chômage endémique et alarmant d’une jeunesse diplômée, la pauvreté extrême de régions enclavées et oubliées par les politiques de développement et la menace terroriste alimentée notamment par la frontière libyenne devenue dangereuse. Elles révèlent également une classe politique tâtonnante et expérimentant, dans l’urgence sécuritaire et la protection des institutions de l’État, la démocratisation dans toutes ses difficultés et ses défis.

ENNAHDA AU POUVOIR

Le 23 octobre 2011, une Assemblée nationale constituante (ANC) fut élue avec la lourde tâche de rédiger une nouvelle Constitution et de désigner un gouvernement provisoire. Les débats entre les jeunes députés ont été diffusés par la télévision nationale et ont cristallisé les clivages de la nouvelle scène politique. Les questions concernant la séparation des pouvoirs constitutionnels, le statut des femmes, la place de la charia, le choix des modes électoraux, l’identité nationale, la justic transitionnelle et la sécurité de l’État ont occupé le débat public dans une transparence brutale.

Ce long chemin vers la démocratisation a laissé apparaître des configurations inédites. Premier paramètre : l’installation d’un acteur politique nouveau, le parti islamiste tunisien Ennahda. Créé en 1981, longtemps interdit et réprimé, il est revenu en force. Légalisé le 1er mars 2011 par le gouvernement d’Union nationale tunisien, il a obtenu la majorité relative (90 sièges sur 210) aux élections de l’Assemblée nationale constituante sur un programme de moralisation religieuse de la vie politique et de lutte anticorruption. C’est une Tunisie islamo-conservatrice inconnue et/ ou ignorée de la Tunisie laïque et progressiste qui a fait entendre sa voix et fait une entrée fracassante sur la scène politique tunisienne. Fortement inspiré des Frères musulmans égyptiens et auréolé de son lourd tribut payé par son opposition au pouvoir, Ennahda place l’islam politique au cœur de l’échiquier tunisien en déchaînant les craintes et les fantasmes de la part de l’opinion progressiste et laïque et les espoirs d’une vie meilleure de la part de son électorat.

La configuration géopolitique voisine, telle qu’elle s’est dessinée, en 2012-2013, avec la chute de Kadhafi en Libye et la présidence de Morsi en Égypte, a laissé craindre un scénario semblable pour la Tunisie. Pourtant Ennahda, avec son leader Rached Ghannouchi, a joué la carte de la pluralité et du pragmatisme politique.

Le gouvernement provisoire formé en décembre 2011, avec à sa tête Hamadi Jebali puis Ali Larayedh, était un gouvernement de coalition, appelé troïka. Ennahda y a en effet associé les deux autres partis les plus hostiles à l’ancien régime de Ben Ali : le CPR (Congrès pour la république) et Ettakatol (parti social- démocrate fondé en 1994). Mais le parti a multiplié les maladresses et les incompétences. Son inexpérience de la gestion politique et économique a alimenté un ressentiment diffus à l’échelle nationale.

Même si le gouvernement s’est voulu non partisan et a tenté de s’adapter à une demande sociale de
pluralité politique, la critique a été très sévère. Tout au long de l’année 2013, manifestations et contestations de rue ont réclamé le retrait d’Ennahda de la scène politique. Ce retrait du gouvernement eut lieu après l’adoption de la nouvelle Constitution le 26 janvier 2014. Les deux années d’Ennahda au pouvoir ont marqué la conscience politique de la Tunisie post- révolutionnaire comme un épisode de gouvernance anxiogène et alarmant. Pourtant, l’histoire retiendra la conjugaison inédite d’un parti islamiste prêt à partager le pouvoir (et qui a toujours défendu son positionnement démocrate) avec d’autres partis libéraux. La convergence de ces forces politiques a certainement contribué à éviter la fracture nationale tant redoutée au cours des deux premières années qui ont suivi la chute de l’ancien régime.

Le deuxième paramètre est celui de l’expérience de la violence terroriste et de la crise économique. Sortis de la logique sécuritaire et de la régulation de l’ordre, longtemps garanties par la police politique du régime autoritaire, les Tunisiens ont fait l’expérience, sur la scène politique, de la violence brutale et de l’affirmation décomplexée des salafistes radicaux. La violence des prêches dans les mosquées intégristes, l’assaut de l’ambassade américaine le 14 septembre 2012 par des militants salafistes, les assassinats de Chokri Belaïd (6 février 2013) et de Mohamed Brahmi (25 juillet 2013), deux hommes politiques connus pour leur opposition aux islamistes, ont plongé le pays dans une anxiété profonde et une stupeur médusée.

Les partis au pouvoir ont été accusés de connivence, de laxisme, et l’aile ultraconservatrice d’Ennahda fut directement accusée d’avoir commandité les assassinats. Ils sont également considérés comme les principaux responsables de la détérioration de la situation sécuritaire. Quoi qu’il en soit, le pays doit faire face aux attaques meurtrières des groupes djihadistes du mont Chaambi (à l’ouest de la Tunisie) et à la dangerosité de la frontière libyenne demeurée ouverte jusqu’aux derniers attentats de novembre 2015.

À LA CROISÉE DES CHEMINS

Cette frontière qui, jusqu’à la chute de Kadhafi représentait un des espaces économiques les plus dynamiques et florissants du Maghreb, s’est transformée en quelques années en un lieu de passages et de trafics maffieux en tout genre, notamment d’une partie de l’arsenal de la défunte armée de Kadhafi. Par la suite, les attentats meurtriers du musée du Bardo (18 mars 2015), Sousse (26 juin) et de Tunis (24 novembre) ont montré l’extrême vulnérabilité de la Tunisie dans un contexte de djihadisme mondialisé.

Aujourd’hui, si la Tunisie semble le seul pays du monde arabe à poursuivre sa transition politique dans un jeu d’équilibriste périlleux, elle est également le pays de la région qui fournit le contingent le plus important des candidats djihadistes partis s’entraîner en Syrie, en Irak puis dans la Libye toute proche. Longtemps étouffée par la propagande d’État qui présentait la menace terroriste comme un phénomène extérieur à la Tunisie, la société découvre, frappée de stupeur, une jeunesse prête à en découdre et installée dans des logiques de combat qui dépassent les frontières nationales.

Expérience de la violence terroriste mais également expérience d’une crise économique sans précédent. La fuite de Ben Ali a sonné le glas du fameux modèle économique tunisien. L’ampleur de la dette, la fuite des capitaux, le départ précipité des entreprises étrangères, le marasme du secteur touristique ont déstabilisé l’économie du pays. Sans compter la révélation, dans tous ses détails, par la Banque mondiale  – sans doute honteuse de sa complaisance à l’égard du régime de Ben Ali – de « l’économie de prédation » qui sévissait sous Ben Ali : des pans entiers de l’économie tunisienne, réservés exclusivement au camp présidentiel (une centaine de personnes) et interdits aux investisseurs tunisiens et étrangers. Le temps est bien loin où le Forum économique mondial sur l’Afrique, tenu en 2007, plaçait la Tunisie comme l’économie la plus compétitive du continent.

Cinq ans après la révolution, la réalité de la Tunisie est celle de la lutte des classes, des inégalités régionales criante de vérité et de la pauvreté. Même si la Tunisie a mené ces vingt dernières années une politique qui a fait passer le taux de pauvreté de 43% en 1997 à 17% en 2015, plus d’un million et demi de Tunisiens vivent en dessous du seuil de pauvreté.
L’unanimisme des slogans de la révolution de Jasmin a fait place aux divergences politiques. Pourtant, ce petit pays méditerranéen de 11 millions d’habitants, où la distance du nord au sud se parcourt en une seule journée, demeure la seule république civile du monde arabe.

Quel rôle peut jouer le nouveau président ? 
Béji Caïd Essebsi, devenu le 21 décembre 2014 le premier président de la République élu au suffrage démocratique, est un « dinosaure » de la politique tunisienne, ancien compagnon de route de Bourguiba et du dictateur Ben ali, âgé de 89 ans. Avec son parti, Nidaa Tounès (la « voix de Tunisie ») qui a remporté les élections législatives d’octobre 2014 et fait perdre sa place de premier parti poli- tique à Ennahda, il regroupe autour de lui aussi bien des opposants de gauche, des destouriens, des syndicalistes, des hommes d'affaires et des anciens du parti politique du dictateur Ben Ali, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique). La crainte d’une restauration de l’ancien régime et d’un basculement dans la fracture politique impose une politique d’union nationale qui explique l’exemplarité de la transition tunisienne. 

Considérée comme le laboratoire d’expériences de la démocratie dans le monde arabe, la Tunisie prend à bras-le-corps les questions incontournables de la légitimité politique et de ses élites au pouvoir ; de la protection de ses institutions ; du bien commun, de la citoyenneté et de la gestion de son passé et ses multiples mémoires. Pour pouvoir répondre à la question lancinante : à quoi a servi la révolution ?



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